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ELNE: LE MANEGE ENCHANTE

Point de Pollux ni de Zébulon dans ce manège enchanté là, quoique… Cela faisait un moment que je tannais Jack pour monter à ses côtés et samedi, quand j’appris que pour moi aussi cela pouvait enfin ce faire, je devenais impatient… Faut quand même que je vous dise un truc. « On ne fait pas un métier facile »*. Ce n’est pas mon compère Franck, photographe lui aussi, qui me contredira. Jugez plutôt : On se tape des bornes pour un salaire de misère, on bouffe de la poussière, des pilotes essaye même de nous faire boire et j’ai même failli être victime, à Issoire, d’une folle hystérique un brin nymphomane (juste un brin, hein Jacques…) Dimanche, à midi pétante, à Elne, je commençais un peu à me demander ce que je foutais là… Mais qu’est ce qu’il m’a pris, un jour, de dire à Jack, que je voulais monter avec lui. Je commence à avoir l’habitude de le voir passer. Je sais comment il conduit le bougre.

Bref, c’est avec un brin de pétoche, que j’essaye de masquer tant bien que mal, en enfilant le casque que m’a prêté Sylvain, que je m’approche du bolide. Première difficulté, pénétrer à l’intérieur. Je commence à renter ma jambe gauche, manqué, mon « frêle » petit corps ne passe pas. Il me faut donc rentrer les deux pieds ensemble au fond de l’habitacle, puis tant bien que mal, passer les fesses en travers pour poser mon séant dans le siège en plastique dans lequel mon hôte à eu la gentille de poser un coussin (sympa Jack). Moins sympa, en revanche, quand auparavant il se penche sur ses deux roues avant comme s’il y avait un problème.

« Y a un souci avec le train avant Jack ? »

« On peut remettre l’expérience à un autre fois tu sais ? »

« Non, non, tout vas bien » me répond-il en rigolant…

Une fois installé, jambes repliées et sanglé, merci Andréa, je claque la petite porte en plastique. « P….. Qu’elle est légère ! » un sentiment de claustrophobie s’installe en moi. Faut vous dire que je ne prends jamais d’ascenseur, et que là je suis dans un sacré ascenseur… Mon pilote appuis sur le poussoir et le moteur démarre. Le bruit est infernal, je comprends pourquoi il met des boules quies dans les oreilles. La caisse fait résonance et amplifie le bruit. Procédure de départ, et…l’enfer. Je suis écrasé au fond de mon siège, respiration coupée, quand l’auto est projetée en travers dans le premier virage. Ensuite tout n’est qu’une succession de poussée diabolique, de mise en appui, de freinages tardifs. Ce qui m’impressionne le plus c’est la motricité. Je n’imaginais pas cette sensation là. La puissance, je m’en doutais un peu, comme dans un avion au décollage, mais la sensation que tout passe par terre ça non. La seconde, c’est le freinage. Ils sont tellement brefs et violents qu’ils me coupent le souffle. J’en oublie même de respirer. Les virages me sautent au visage, les dérives, en glisse des 4 roues me forcent à pousser des hurlements de bonheur. Car en fait je n’ai plus peur, je touche du doigt le bonheur. Cette sensation unique faite de vitesse et de brutalité est une extase. A l’amorce du troisième et dernier tour, je m’efforce d’observer mon pilote. Les pieds étant invisibles, c’est le travail des mains sur le volant que « j’essaye » d’analyser. En fait, les deux mains sont très peu présente sur le volant. Dans tous les bouts droits, il monte et descend les rapports à une vitesse vertigineuse. Sa main gauche tiens fermement le volant et dès que la droite le rejoint, c’est une caresse qu’il inflige à ce rond cerclé de cuir. Le mélange de la précision et de la douceur est époustouflant. Pas un mouvement trop amplifié, juste ce qu’il faut, quand il le faut, du bonheur, encore et toujours… Et cette drôle de sensation quand tu vois un virage à gauche arriver, que tes hanches « sentent » l’auto virer vers la droite, puis d’un mouvement brutal partir dans la bonne direction… Encore une autre. Ces angles, tellement prononcés qu’il te faut  regarder la piste par la vitre latérale, ou encore de partir en marche arrière dans une courbe pour mieux être projeté en avant dès que les pneus retrouvent le « grip ».

Quand tout s’arrête, je suis vidé. Je reste quelques secondes dans l’auto, à reprendre mon souffle. Des questions m’assaillent. Mais comment font ils dans la meute ? Et une monoplace, avec quelques 200 kg de moins, à bouffer des cailloux, ce doit être terrible. Mais comment fait-il quand je suis à l’intérieur d’un virage, déclanchant mon Nikon en rafale alors que je l’ai de face, pour me voir et me dire un peu plus tard :

« Fait gaffe, Jaf, te mets pas n’importe où. Demain matin on aura le soleil dans la figure au premier virage… » Ou encore : « Je t’ai vu tout à l’heure ! t’étais là ! J’ai failli te faire bonjour ! »

Avec cette expérience qui restera pour moi inoubliable, maintenant j’en suis plus que sûr. Stirling Moss à dit un jour : « La conduite d’une auto de course est un art. »

Merci l’Artiste, merci Les Artistes…